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Céder n’est pas consentir
Clotilde Leguil
Puf, 2021



« Céder n’est pas consentir. » Cela semble une évidence. Il faut affirmer l’existence d’une frontière entre « céder » et « consentir ». Pourtant, il existe quelquefois une proxi mité dangereuse entre les deux. Le consentement en effet comporte toujours un risque : jamais je ne peux savoir à l’avance où celui-ci me conduira. Se pourrait-il dès lors que le consentement laisse la voie libre au forçage ? L’expérience de la passion, l’angoisse dans le rapport à l’autre, l’obéissance au Surmoi peuvent brouiller la frontière au sein même du sujet entre le consentement et le forçage. À partir de l’actualité du mouvement #MeToo et du récit de Vanessa Springora, Clotilde Leguil explore les racines subjectives du consentement. Depuis la psychanalyse, elle montre que le désir n’est pas la pulsion et que la confrontation au forçage laisse une marque ineffaçable. Pourquoi ne puis-je rien en dire une fois que celui-ci a eu lieu ? Comment à nouveau consentir à dire ?



L’essai de Clotilde Leguil nous guide dans la gradation du consentement et dans ce que ça nous fait de céder. Rien de tout blanc, rien de tout noir, dans cette exploration intime qui se saisit de l’actualité politique et littéraire pour élaborer sa mise au point.

Chemin faisant, par la clarté des concepts qu’elle déploie, par ses exemples percutants (tout le contraire du délayage et du sensationnel), nous relisons et relions avec elle, jusqu’à discerner avec acuité ce qui arrive quand cela nous arrive. Au corps, elle accorde la primeur. C’est d’abord là, en nous, que se loge le consentement ou que s’immisce la cession. C’est là que bégaie le trauma. Là aussi que s’incarne le désir comme élan de vie, que nous distinguerons définitivement des pulsions, grâce à notre accompagnatrice. 

Il nous revient de savoir, pour finir, si nous sommes prêts à mots dire. Car… qui dit mot consent !


En sœur au moins autant qu’en psychanalyste et en philosophe, Clotilde Leguil nous livre l’endroit d’où elle écrit, sachant rendre vivantes les pensées des auteurs comme les mythologies des anciens. Sa langue se révèle tant belle que puissante. Son choix de courts chapitres facilite notre lecture, rythme notre réflexion.

Un livre majeur, dans le tout et dans le détail.

Dominique Haggiag, juillet 2023