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La barbarie des hommes ordinaires
de Daniel Zagury
Editions du Seuil, septembre 2022



“ Pourquoi les actes les plus barbares sont-ils si souvent commis par les hommes les plus ordinaires ? ”

(extrait de la 4ème de couverture)



D’emblée, nous sommes prévenus : il n’y aura pas de sensationnel dans ce livre, plutôt de l’ordinaire et du général. Car très peu de ceux qui commettent le mal extrême sont fous, au sens pathologique du terme, souligne Daniel Zagury.

Alors, quoi ? Encore un peu et nous serions tous concernés ! Cherchons plutôt ce qui produit le passage à l’acte innommable et ce qui est susceptible de l’en empêcher. Comme Hannah Arendt et Alice Miller avant lui, l’auteur de l’essai ravive la fureur du mal absolu, au cas où nous serions tentés de le considérer comme banal. Banal, le mal ne l’est jamais. Ce qui l’est, banal, pour ne pas dire minable, c’est la relation de ces hommes et ces femmes au crime, c’est leur motivation à agir, c’est leur ultime dépendance à l’autre qui n’est pas eux mais qu’ils ne reconnaissent pas comme tel.

Avec La Barbarie des hommes ordinaires, on côtoie le pense-petit, voire la pensée qui ne pense pas, au pire celle qui instrumentalise et se défend de ressentir ; on est face à des vies mortifères, dont la plupart l’étaient avant même leur commencement. Dans son essai court et percutant, sans appel au jargon (merci !), l’auteur démonte sous nos yeux les mécanismes de dé-subjectivation à l’œuvre quand le mari tue sa femme, la mère étrangle son bébé, le terroriste ou le génocidaire assassine. Là où l’intimité avec soi n’est que béance, le langage défait ou mécanique, l’imaginaire et l’humour impossibles, l’élaboration psychique manquante, le terreau du mal extrême prospère. Lisez ! Lisez !  

Dominique Haggiag, septembre 2023