Dimanche

14 mars 2021

10h > 12h

Obéir ou non ?
Extraits du rendez-vous virtuel



Pour cette première séance virtuelle d’échanges autour du déni, nous étions 24 personnes présentes. Merci beaucoup à Marie, Ava, Catherine, Anne-Laure, Valérie, Ségolène, Marie-Françoise, Blandine, Franck, Rachel, Clement, Y, Sabine, Béatrice, Blandine, Jean-François, Sandrine, ;), Odile, Aliette, Léna, Céline, Stephan et Pierre.

En guise d’aperçu de ce premier rendez-vous, voici quelques extraits :


A - Nous partons avec quelque chose de commun : penser que l’obéissance serait une vertu. Ce qui peut sembler dommage, au lieu d’avoir pris la responsabilité comme vertu. Ce qui aurait plutôt donné quelque chose de « est-ce que je veux ? ou est-ce que je ne veux pas ? ». L’obéissance va du côté de « s’adapter » dans le cadre de la vie sociale. Mais lorsque l’obéissance veut dire obéir à quelqu’un, lorsque cette personne exprime une forme d’autorité toute puissante, la chose est bien différente. Il ne s’agit plus d’adaptation mais de contrôle. La question « obéir ou non ? » équivaut à dire « se soumettre ou non ? ». Il y aurait quelque chose qui se serait pétrifié et alors on tacherait de regagner de la liberté, de sentir que ça fait « non » et de lui donner priorité parfois. Du côté de l’approbation, il y a l’ordre, du côté de la désobéissance, le désordre. La question serait : « Est-ce que je me fais respecter ? Est-ce que je peux gagner en confiance en moi pour oser faire ce qui est important pour moi ? Est-ce que j’ai la permission de dire « oui » ou de dire « non »? Suis-je prisonnier du désir des autres ? ». Le déni est celui de toutes les autres options à l’obéissance que nous avons.

M - Qu’en est-il du déni plus précisément ici ?

A - Le déni est celui où l’on m’a fait croire, enfant, que l’obéissance était la seule option. Je finis par laisser le déni de ma légitimité s’introduire, ce qui va donner du pouvoir aux potentiels prédateurs. Adulte, c’est le déni de ma légitimité à dire « non ». C’est le moment où j’accepte des choses inacceptables. C’est bien le déni de ma propre légimité, de ma propre responsabilité.

M-F - Dire « non », entraine un prix à payer, n’est-ce pas ?

S - On peut dire qu’il y a aussi un déni sur le prix à payer de dire « oui ».

A - C’est toujours quelque chose à remettre en question, il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse. Je suis seule susceptible de faire ce choix, en situation. Je me méfie d’ailleurs des personnes qui seraient supposées savoir mieux que moi.

S - Le problème du déni c’est qu’on a l’impression de n’avoir qu’une option.

A - C’est bien là le problème d’une culture qui nous a fait croire que l’obéissance serait une vertu. L’idée c’est de sortir du « tout ou rien » et d’élaborer d’autres options. Au sein de  l’association, par exemple, nous avons fixé à 8 le nombre d’options qui nous rendent libres dans nos choix. Ce nombre est arbitraire bien sûr, il nous invite d’abord à davantage de créativité...

(…)

A - Nous avons en commun d’être arrivés à l’âge adulte dans le déni de ce qui nous était arrivé pendant l’enfance. Le déni de toutes ces choses qui nous ont fait croire qu’il fallait dire « oui » alors que ça nous faisait « non ». Très vite nous identifions toute ces situations où nous n’avons pas été traités comme des sujets, chaque fois où nous avons été traités comme des objets. Sous prétexte d’amour souvent, nous n’avons pas été traités en sujets. L’amour est compatible avec un manque de respect alors que l’attachement ne l’est pas. La condition même de l’attachement c’est l’accueil de l’autre comme sujet alors que notre culture nous transmet des modèles d’amour malheureusement compatibles avec chantage, menace, possession etc.

R - D’où le travail précieux d’Alice Miller.

A - C’est l’alerte sur la banalisation de la souffrance.

A - Le déni, même. Ça me rappelle cette remarque entendue « Mais pourtant il n’a manqué de rien » comme si la séduction était un outil de pédagogie alors que c’est l’inverse du respect.

(…)

V - Je suis sensible au fait qu’on se fixe trop souvent des étiquettes.

A - Si j’extrapole un peu, ce que je regrette dans les émissions qui traitent de ces passages à l’acte, c’est qu’on omet souvent de de dire que les personnes qui violentent furent elles-mêmes violentées. Et attention ici, c’est toujours très important de distinguer un acte violent à reconnaitre comme tel et à condamner, et la personne coupable de cet acte à respecter en tant que personne probablement elle-même violentée sans que cette violence la prive de sa responsabilité. C’est toute la subtilité ici. Ni étiquette ni dispense.

V - C’est le déni également du fait de la violence endémique, celle que l’on partage tous à l’échelle de la société.

A - Ça nous engage à rependre la responsabilité, nous autres témoins. C’est aussi l’idée d’une justice réparatrice.

B - Je vous partage le film « La justice réparatrice » de Guy Beauché

(…)

S - Il faut bien apprendre à désobéir pour pouvoir parler de ces sujets.

A - Le moment clef, c’est la première fois où nous désobéissons à maman. C’est aussi un moment où le monde s’effondre.

S - Après avoir désobéi on peut tracer un nouveau chemin qui va vers une vie plus respectueuse.

C - Obéir et désobéir, ça ferait travailler les croyances intériorisées ?

A - « Ce que l’on nous a vendu » comme obligations, conditions d’être aimé etc.

A - Il y a une nécessité très importante à se rendre compte de ce qui arrive, de comment ces intériorisations jouent un rôle toxique dans nos relations.

A - À faire la part aussi entre ce que je vais changer et ce que je ne vais pas changer. Ça demande beaucoup d’énergie et c’est parfois très long.

A - Ce qui nous motive, ce qui suscite de l’énergie, c’est la volonté d’une vie qui nous ressemble, le désir d’autre chose. Ce projet à réaliser. Mu par la volonté d’avoir une vie qui ressemble à une vie.

S - Ces injonctions et ces violences ont une tendance à contaminer des désirs qui sont en eux mêmes sains. Une partie devient contaminée et ça nous rend incertains de nos propres élans et désirs.

A - Comme si le poison n’avait pas été complètement évacué.

S - Comme si il fallait descendre en dessous d’un niveau de contamination pour retrouver de la capacité à bouger, à vivre, à entreprendre.

A - D’abord de récupérer de l’estime de soi, de la légitimité. C’est le noyau dur.

(…)

C - Comme si il fallait déjà désobéir à soi même.

L - Je me demande si c’est désobéir à ses propres croyances.

A - Désobéir à quelque chose qui me contraint et donner plus de place à ce qui me fait « oui ». D’où l’intérêt d’avoir des personnes témoins.

(...)


Ces deux heures furent pleines d’échanges riches et intenses, de partages d’expériences singulières, « d’impensés pensés » ensemble.

Les rendez-vous virtuels sont donc lancés, alors rendez-vous dans deux mois autour d’un nouveau thème mais toujours à travers notre prisme : le déni. Et à nouveau, merci à toutes et tous de votre présence.



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